Nous allons étendre notre conception d'un monde parfait, après avoir créé notre brique de base qu'est la maison parfaite, et puis l'avoir utilisée pour créer une brique plus grosse qu'est le quartier parfait, en utilisant cette dernière pour concevoir un village parfait.

Composition du village

Ce n'est pas difficile, nous allons utiliser comme élément de construction principal de ce village, le quartier précédemment décrit. Là encore, à cette échelle, de nouvelles possibilités sont ouvertes, par exemple grâce à l'agriculture: il y a toujours des élevages ou des champs qui entourent les villages. On devra les utiliser pour produire de l'énergie.

Elevage = biogaz, matières organiques diverses = biogaz

Les éleveurs du village gagneraient énormément à produire de l'énergie en récupérant les divers déchets organiques (lisiers, paille usagée, boues, ...) afin de les mettre dans un digesteur dimensionné en conséquence.

Ce digesteur permettrait de produire plusieurs dizaines voire centaines de m3 de biogaz par semaine. Ce biogaz, principalement composé de méthane et d'eau, peut être utilisé dans une machine steerling (moteur lent) afin de produire de l'électricité directement, dans une gamme de puissance intéressante puisque moyenne à forte. C'est la première solution. Les moteurs steerling sont spécialement étudiés pour fonctionner au biogaz non retraité (ou très faiblement) qui est très corrosif.

Si en plus on retraite ce biogaz pour en éliminer les composantes très corrosives, on pourra alors le bruler dans une cogénération. Cette machine est plus imposante qu'une micro-cogénération, et permettrait de produire beaucoup de chaleur, pouvant servir à chauffer le digesteur (donc à améliorer son rendement), un réseau de chauffage collectif, et produisant en même temps une grande quantité d'électricité, revendue aux sociétés de production d'électricité. C'est la deuxième solution.

Une des dernières solutions serait de traiter ce biogaz pour ne conserver que le méthane dont il est en gande partie composé, pour le revendre directement aux sociétés gazières en l'injectant dans le réseau du gaz de ville qui ne manquera pas de passer à proximité, et garantir du coup une sécurité d'approvisionnement en gaz encore meilleure.

Une fois la matière organique digérée, on récupère au fond du digesteur, périodiquement, un compost à l'état solide, désodorisé, stabilisé, qu'il n'y aura plus qu'à épandre sur les champs. C'est beaucoup mieux qu'épandre les lisiers directement, qui dégagent beaucoup d'azote, donc qui polluent, et qui dégagent une odeur nauséabonde à plusieurs centaines de mètres aux alentours.

Evidemment, on oubliera pas de couvrir les toits de la station de méthanisation de panneaux solaires photovoltaïques !

Cultures = produits pétroliers

Pour les agriculteurs, au lieu de laisser leurs champs en jachère, ils peuvent trouver un nouveau débouché, de nouveaux revenus, en faisant pousser des cultures qui permettront de produire des essences "bio", comme le colza par exemple. Essence qu'ils pourront utiliser eux-même, et revendre à l'état.

A l'issue du processus de transformation des cultures, on pourrait récupérer la matière organique restante (la biomasse restante) pour l'ajouter au digesteur décrit ci-dessus, contribuant à la fabrication de plus de biogaz.

Mutualisation de la gestion des déchets organiques

On pourra récupérer tous les déchets organiques de tous les quartiers pour les ajouter au digesteur du village, où les éleveurs y apportent déjà beaucoup de matière, pour produire encore plus de biogaz.

Le compost produit à l'issue du cycle de méthanisation pourrait être distribué à ceux qui en font la demande dans tout le village, pour un prix très modique, voire gratuitement.

Mutualisation des moyens de chauffage

Tout ce qui a été écrit précédemment pour le quartier parfait reste vrai ici, avec en plus la production de chauffage par la cogénération du village.

Mutualisation de la gestion de l'eau (rejets)

Ce qui a été écrit pour la gestion des rejets d'eau du quartier parfait reste vrai, mais au lieu de réaliser une station d'épuration naturelle à l'échelle du quartier, on peut voir plus large et en réaliser une plus intéressante à l'échelle du village.

Mutualisation de la ressource électrique

En plus de toutes les centrales photovoltaïques des maisons parfaites du quartier parfait, on y ajoutera la production électrique de la cogénération. La puissance électrique produite devient ici véritablement très importante, donc lucrative !

Quid des décharges ?

Si le village est équipé d'une décharge moyenne à importante, ou d'une déchetterie, on veillera à bien trier ce qui doit l'être, et au lieu de bruler le gaz de décharge (qui est aussi du méthane) en torchère pour éviter qu'il ne détruise la couche d'ozone 100 fois plus vite que ne le fait le CO2, on récupérera ce gaz afin de le bruler dans un moteur steerling qui produira de l'électricité.

Tous les déchets organiques, les papiers, le bois, les déchets verts de la déchetterie peuvent être réduits en morceaux, en plaquettes, pour aller tout droit dans le digesteur, produire du méthane, qui sera de nouveau lui-même producteur de chaleur et/ou d'électricité.

Pour les déchets de bois plus gros, on peut directement les transformer en plaquettes et bois déchiqueté, puis vendre le produit de cette transformation par sac de 10 à 50 Kg aux particuliers qui pourront les brûler dans un poële ou une chaudière à plaquettes de bois déchiqueté.

Le vent, c'est de l'énergie !
A l'échelle d'un village, on peut peut-être commencer à envisager l'implantation d'une ou deux éoliennes de petite ou moyenne puissance, si le site est suffisemment venté, afin de produire de l'électricité supplémentaire. on peut aussi l'envisager pour des exploitations agricoles, d'ailleurs.
En conclusion

Les villages ont un grand poids politique et décisionnel, grâce à leurs éleveurs et agriculteurs, mais ils l'ignorent. Tout ce petit monde devrait véritablement se constituer en coopérative ou société d'économie mixte afin d'utiliser ce pouvoir pour grandement faciliter l'achat des matériaux solaires, des digesteurs industriels, l'obtention de prix plus avantageux pour les dits matériels, et pour négocier les meilleurs prix d'achat à la fois pour les essences "bio" et pour l'électricité produite. Cela permettrait aussi d'être éligible à un plus large éventail de subventions en étant organisé en société, et de toucher des fonds en provenance de l'ADEME, du Conseil Régional, du Conseil Général et aussi de l'Europe.

Ici aussi, la gestion des certificats verts ou blancs, qui représentera à cette échelle une source de revenus supplémentaire, n'en sera que plus facile.

C'est le moyen pour les agriculteurs et éleveurs, qui sont des professions sinistrées, de trouver là une autre source de revenus non négligeable, et de conquérir encore plus d'indépendance, non seulement énergétique bien sûr, mais aussi économique. Et si en raison du climat, de la grêle en particulier, toute une récolte est perdue en totalité aujourd'hui, demain même si elle est perdue au plan alimentaire, elle ne sera pas pour autant perdue pour la production de biogaz: les déchets verts pourront alors être transformés en totalité en biogaz par le digesteur pour produire de la chaleur et de l'électricité.

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Cette page a été modifiée le 31/07/2005