Après la maison parfaite, nous allons continuer à imaginer le monde parfait que nous sommes en train de définir, en travaillant à la configuration de ce que pourrait être un quartier parfait.

Composition du quartier

Ce quartier serait composé de maisons décrites dans la page précédente. Mais à l'échelle d'un quartier, il est possible de réaliser quelques aménagements.

Toutes les constructions sont comme d'habitude orientées au sud, pour maximiser les productions thermique et électrique solaires. Elles sont disposées en cercle en suivant le cercle dessiné par la route qui dessert le quartier. Pour imager, on pourrait dire que le quartier est un énorme rond-point autour duquel sont agencées les constructions, et au milieu duquel on construira les infrastructures communes.

Mutualisation des moyens de chauffage

Le premier aménagement que l'on pourrait réaliser, c'est la mutualisation des moyens de chauffage. Au centre du quartier, sur une place de verdure qui serait donc située à l'intérieur du cercle formé par la route desservant les constructions, on peut mettre en place une chaufferie collective à granulés de bois, ou à plaquettes de bois déchiqueté. Cela créerait un réseau de chaleur à l'échelle du quartier, à partir duquel toutes les maisons seraient chauffées.

On pourra au choix couvrir la toiture de la construction abritant la chaufferie du quartier de panneaux solaires photovoltaïques pour produire de l'électricité dont une petite partie serait utilisée pour les besoins de la chaufferie elle-même, ou alors de panneaux solaires thermiques pour préchauffer l'eau de chauffage.

Entre autres avantages, la mutualisation de cet équipement permet d'améliorer le rendement, baissant ainsi les coûts de fonctionnement et de maintenance par rapport à la solution d'avoir chacun chez soi sa chaudière à granulés. Cela libère aussi plus de place dans chaque construction individuelle, puisque il n'y a plus ici d'équipement de chauffage devant prendre place dans un local technique spécialement aménagé. Autre point, on peut citer que la maintenance sera beaucoup plus facile pour tout le monde: le chauffagiste pourra venir faire les maintenances comme bon lui semble car il n'aura plus à attendre que chaque habitant soit disponible dans chaque construction pour prendre rendez-vous. Il en va de même pour les habitants, qui se trouvent donc un peu plus libres et qui n'ont pas à attendre le chauffagiste. Cela simplifie la vie de tout le monde.

Avantage supplémentaire: il n'y a plus besoin pour chaque construction, d'installer des panneaux solaires thermiques dédiés au chauffage d'une dalle PSD. La dalle en question étant directement reliée à la chaufferie centrale du quartier. Cela libère autant de place sur chaque toit pour installer encore plus de panneaux photovoltaïques de manière à produire encore plus d'électricité (et donc pour gagner encore plus d'argent !).

Mutualisation de la gestion des déchets organiques

Le schéma de la mutualisation est tout à fait reproductible pour la gestion des déchets organiques, qui comprennent évidemment les déchets verts.

En effet, au lieu que chaque construction produise son propre compost, il est plus intéressant que tout le monde apporte ces déchets organiques (pelouse issue de la tonte, déchets de cuisine, tailles des végétaux, ...) dans un gros bac à compost situé par exemple au centre du quartier, à côté de la chaufferie.

On s'aperçoit que toutes les familles produisent des déchets organiques, mais que toutes ne sont pas férues de jardinage. Donc cette solution à l'avantage de rendre utilisable le compost produit par des familles qui n'en ont pas l'utilité, par des familles qui jardinent beaucoup et en font donc un usage important.

De plus, à l'échelle du quartier, la dégradation de tous ces déchets organiques en compost commence à devenir intéressante pour ce qui est de la production de biogaz, qui pourra éventuellement être récupéré et utilisé dans une micro-cogénération, moyen qui serait complémentaire à la chaufferie collective à granulés pour la production de chaleur, et qui à en plus l'avantage de produire de l'électricité. Mais ce serait vraiment plus efficace, à l'échelle supérieure au quartier.

Mutualisation de la gestion de l'eau (consommation)

L'eau de pluie en provenance de tous les toits peut-être récupérée dans de gros réservoirs et subir un traitement de filtration mineur (petit bassin de décantation et filtre grossier), de façon à enlever les déchets organiques comme les feuilles et les grosses particules (mousses, cailloux, terre...).

Cela permettrait son utilisation par tout le quartier pour l'arrosage général, le lavage des voitures, la fourniture d'eau pour la chaufferie collective, et aussi pour l'agrément par l'installation d'un jardin d'eau peu profond ou de fontaines au centre du quartier, afin de fournir une aire de jeux pour les enfants. Ainsi, dans chaque construction il y aurait une arrivée d'eau clairement étiquetée "eau de pluie non potable commune".

Un usage encore plus important de cette eau gratuite: ne pas oublier d'installer une bouche incendie située au centre du quartier, près de la chaufferie. Cela fournirait une grosse réserve aux pompiers si besoin était d'éteindre un feu dans le quartier ou dans la chaufferie collective.

Mutualisation de la gestion de l'eau (rejets)

Il en va de même pour l'eau grise rejetée, qui est peu altérée.

Cette eau grise doit être récupérée pour être traitée par des filtres naturels, c'est à dire des plantes aquatiques qui se nourirront des déchets présents dedans. On pourrait donc réaliser l'installation d'un bassin de filtration, à l'échelle du quartier, par les plantes aquatiques. L'eau pure récupérée pourra servir à garantir l'alimentation en eau d'un jardin d'eau, et pourra être restockée dans les gros réservoirs cités précédemment pour contribuer aux réserves permettant l'arrosage général ou le lavage des voitures, ainsi que le fonctionnement de la bouche incendie.

Mutualisation de la ressource électrique

Là aussi, les choses vont devenir intéressantes, à l'échelle du quartier.

L'énergie électrique générée par toutes les habitations du quartier va commencer à permettre d'atteindre le but discuté dans cette page, c'est à dire la production décentralisée à grande échelle. Mais cela deviendra encore plus intéressant à une échelle encore supérieure.

Le problème restant à régler ici, c'est que lorsque le gestionnaire du réseau coupe le courant pour une raison ou une autre, toutes les centrales photovoltaïques vont automatiquement se couper aussi, pour des raisons de sécurité du personnel travaillant sur les lignes, comme expliqué précédemment. Mais plus on va augmenter d'échelle, à l'échelle du village, de la ville, puis encore plus loin, plus il sera intéressant d'installer des centrales photovoltaïques autonomes sur chaque maison, de façon à ce que à n'importe quelle échelle, la ressource soit totalement décentralisée et indépendante de tout événement susceptible de la déstabiliser.

En conclusion

Si on arrive tous, au travers de processus décisionnels, à aboutir à la création de quartiers HQE et à énergie positive complets, ce sera déjà un beau résultat. Mais ne nous faisons pas trop de soucis: le climat nous forcera à aboutir à ce résultat, ce n'est qu'une question de temps, et cela devrait arriver plus vite que nous le pensons, aidés en cela par des décisions politiques telle que la loi d'orientation sur l'énergie.

Les avantages sont nombreux, entre autres, on peut citer les économies d'échelle réalisées tant sur l'achat du matériel que sur le budget de fonctionnement, la place gagnée dans chaque construction pour les équipements qui auront été mutualisés, les dérangements en moins puisque la maintenance sera faite indépendamment de la présence des habitants.

A l'échelle du quartier, on devrait trouver un intérêt tout particulier à s'organiser en société d'économie mixte ou en coopérative, ce qui devrait grandement faciliter l'achat des matériaux solaires, l'obtention de prix plus avantageux, et ce qui donnera beaucoup plus de poids à la fois politique et décisionnel (faire pression) au projet. Cela permettrait aussi d'être éligible à un plus large éventail de subventions en étant organisé en société, et de toucher des fonds en provenance de l'ADEME ou même de l'Europe pour les quartiers qui atteignent une taille respectable.

Autre point intéressant, la gestion des certificats verts ou blancs, pouvant représenter une source de revenus supplémentaire, n'en sera que plus facile.

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Cette page a été modifiée le 31/07/2005